Excès en chirurgie esthétique : quand les critères de beauté sont redéfinis
Je suis encore relativement nouveau sur les réseaux sociaux.
Pourtant, il ne m’a pas fallu longtemps pour observer un phénomène marquant : les visages y changent.
Une esthétique ostentatoire s’impose, souvent filtrée, parfois étrange.
Et, insensiblement, ces images redéfinissent notre perception de la normalité et de la beauté.
Ce n’est pas le progrès technique en médecine et en chirurgie esthétique qui m’interpelle, mais leurs excès.
De ces visages standardisés qui saturent nos fils d’actualité et finissent par altérer nos repères.
Comment un souhait légitime de mieux-être bascule-t-il vers un visage figé, gonflé et artificiel ? Comment passe-t-on de la recherche d’harmonie à des actes dénaturants ? Quels sont les risques pour les patients et comment, nous, praticiens, pouvons-nous nous positionner ?
Le glissement de la norme et des standards

Regard ultra lifté, mâchoire parfaitement anguleuse ou peau sans aucune irrégularité, certaines demandes illustrent un glissement profond : la médecine esthétique est utilisée comme un outil de transformation normative, au lieu de rester un espace de subtilité et d’expression personnelle au service du bien-être.
Peu à peu, ces visages “retouchés” – parfois même augmentés par les filtres – diffusés en masse sur les réseaux deviennent une sorte de norme.
Et l’on finit par oublier que ces résultats n’ont rien de naturel — jusqu’au jour où un visage intact nous étonne…
Depuis quelque temps, il m’arrive de recevoir des patient(e)s (trop) jeunes, influencé(e)s par les filtres numériques, les célébrités de télé-réalité ou les tendances vues des réseaux sociaux.
C’est le signe d’un glissement collectif, amplifié par les filtres numériques, les tendances irréalistes et une forme de dysmorphophobie diffuse…qui n’est pas sans risques.
Injections et actes esthétiques : pourquoi allons-nous “trop loin” ?
Selon moi, une succession de micro-ajustements, des injections mal réalisées et/ou trop souvent répétées, des demandes de plus en plus poussées…et, progressivement, la perception de soi se déforme.
Attention, il ne s’agit pas ici de juger, mais bien d’expliquer, de comprendre.
Car derrière ce désir de « mieux » se cache souvent une quête sincère : plaire, retrouver une image positive, renforcer sa confiance en soi.
Mais à force de corriger et de lisser, certain(e)s finissent par perdre le fil de leur visage, comme déconnectés de leur image initiale.
Médecine esthétique : pas si inoffensive
⚠️Dans ce contexte de forte démocratisation prospèrent ainsi, parfois impunément, les fausses promesses : prix cassés et actes esthétiques à l’étranger, produits douteux voire interdits, praticiens non formés et injections illégales (fake injectors).
Or, si les risques liés à la chirurgie sont généralement bien connus du grand public, les risques en médecine esthétique sont souvent sous-estimés.
Parce qu’elle est perçue comme douce, rapide, « sans bistouri », cette spécialité semble parfois exempte de danger.
Pourtant, les risques en médecine esthétique existent bel et bien : inflammations, asymétries, résultats artificiels… mais aussi des complications plus graves, comme une nécrose (c’est-à-dire la mort des tissus).
Le rôle du chirurgien : garder le cap !
Notre rôle est alors clair : il ne s’agit pas seulement de maîtriser les risques ou de garantir la sécurité des actes. Il s’agit aussi d’instaurer une relation de confiance, de proposer une vision d’ensemble, réaliste et mesurée, et parfois d’avoir le courage de dire non, au risque de décevoir ou de perdre un patient.
Car accompagner, c’est aussi protéger.
Mais cette responsabilité ne se limite pas à dire oui ou non : il s’agit d’aider les patients à se reconnecter à ce qui les rend uniques.
Être chirurgien esthétique, ce n’est pas seulement juger de la faisabilité d’un acte, mais de sa pertinence.
Chaque demande doit être replacée dans une vision d’ensemble : est-ce cohérent ? Est-ce harmonieux ? Est-ce que cela respecte la singularité de la personne ?
Un geste juste n’est pas celui qui en fait le plus, mais celui qui en fait juste assez.
Et parfois, cela signifie corriger moins que prévu, orienter vers une alternative plus douce, ou tout simplement refuser une intervention.
C’est là, à mes yeux, que réside l’excellence : dans une médecine esthétique mesurée, humaine, respectueuse — qui redonne confiance sans jamais travestir.
Revenir à l’essentiel : l’expertise et l’éthique du praticien.
Dans ce contexte, le choix du professionnel est donc déterminant : il ne s’agit pas seulement d’un geste technique, mais d’une vision.
Celle d’un regard respectueux sur le vivant.
Je ne crois pas aux visages standards, ni à l’harmonie clonée.
Je crois à la subtilité. À l’équilibre. À l’élégance.
Un bon résultat se voit sans se voir : il redonne confiance, sans trahir.
Il restaure, sans transformer.
Chez Maison Yōkō, j’ai la chance d’évoluer dans un cadre qui respecte cette philosophie : valoriser le naturel, écouter, accompagner.
Parce que bien vieillir, ce n’est pas se figer.
C’est continuer à vivre dans son visage.
Ce que je veux dire à mes patients
Si vous avez été déçu par une injection de lèvres ratée, un rendu qui vous semble « trop » ou un visage gonflé, vous n’êtes pas seul(e). Et il est possible de revenir à plus d’équilibre.
La chirurgie esthétique peut être un formidable levier. Mais elle doit rester au service de la personne, jamais des tendances.
Parce qu’une esthétique juste n’enferme pas. Elle libère.
Peut-on réparer un acte ou une chirurgie esthétique “ratée” ?
Dans certains cas, oui : patienter quelques mois après un botox au front raté, dissoudre une injection d’acide hyaluronique du visage ratée grâce à la hyaluronidase ou encore reprendre un geste chirurgical excessif ou mal réalisé – comme par exemple un œil rond après une blépharoplastie.
Mais pas toujours.
Des surcorrections laissent parfois des traces définitives : une peau altérée, une mobilité réduite, une relation au miroir bouleversée.
D’où l’importance d’agir en amont : prévenir, éclairer, garder le sens.